Le système d'État de la Tanzanie a parcouru un long chemin d'évolution, passant des formes traditionnelles de gouvernance à une république démocratique moderne. Ce processus a été complexe, incluant une période de domination coloniale, une lutte pour l'indépendance et la construction subséquente d'un État indépendant. L'évolution du système d'État tanzanien reflète non seulement des changements politiques, mais aussi le désir de son peuple pour l'unité, la stabilité et le développement.
Avant l'arrivée des colonisateurs européens sur le territoire de la moderne Tanzanie, il existait de nombreuses sociétés traditionnelles, chacune ayant son propre système de gouvernance. Le peuple nyamwezi était dirigé par des chefs, qui jouaient un rôle important dans le maintien de l'ordre et l'organisation du commerce. À Zanzibar, un système monarchique dominait sous la direction du sultan d'Oman.
Ces structures de pouvoir traditionnelles étaient étroitement liées à des pratiques culturelles et religieuses. Elles assuraient la stabilité sociale et réglementaient la vie économique des communautés locales.
La colonisation a commencé avec la domination allemande à la fin du XIXe siècle, lorsque le territoire de la moderne Tanzanie est devenu partie de l'Afrique orientale allemande. Les Allemands ont établi un système de gouvernance centralisé, basé sur la suppression des structures de pouvoir traditionnelles locales. Cependant, cela a suscité de la résistance, la plus connue étant la révolte maji maji (1905-1907).
Après la Première Guerre mondiale, la Tanzanie, alors connue sous le nom de Tanganyika, est passée sous administration britannique selon le mandat de la Société des Nations. L'administration britannique a conservé des éléments de gouvernance traditionnelle, mais les a utilisés dans le cadre d'un système de gouvernance indirecte. Cela a permis un contrôle plus efficace de la région, mais a limité les droits politiques et civils de la population locale.
Le mouvement pour l'indépendance a commencé au milieu du XXe siècle, inspiré par la montée de la conscience nationale et les sentiments anticoloniaux. La figure centrale de ce mouvement a été Julius Nyerere, qui a fondé en 1954 le Parti national africain de Tanganyika (TANU). Le TANU a joué un rôle clé dans l'unification du peuple et la promotion de l'idée d'indépendance.
En 1961, Tanganyika est devenue un État indépendant, et Nyerere a pris le poste de Premier ministre, puis de président. Trois ans plus tard, Zanzibar, qui avait obtenu son indépendance en 1963, s'est unie à Tanganyika pour former la République unie de Tanzanie en 1964.
Après avoir obtenu son indépendance, la Tanzanie a choisi de construire une société socialiste. En 1967, la politique de « Ujamaa » — le socialisme africain — a été proclamée, prévoyant la collectivisation de l'agriculture, la nationalisation des secteurs clés de l'économie et la création d'un système d'égalité.
Julius Nyerere voyait dans l'« Ujamaa » un moyen de bâtir une société fondée sur des valeurs traditionnelles de solidarité et d'entraide. Cependant, ces réformes ont rencontré de graves difficultés économiques, telles que la baisse de la productivité agricole et le manque d'investissements. Malgré cela, la période de gouvernance de Nyerere est devenue un symbole d'unité et d'identité nationale.
Au début des années 1990, la Tanzanie a commencé à s'éloigner du système à parti unique. Sous la pression de la crise économique et des bailleurs de fonds internationaux, des réformes politiques ont été mises en place. En 1992, un système multipartite a été officiellement instauré, marquant une nouvelle étape dans l'évolution du système d'État du pays.
Les premières élections multipartites ont eu lieu en 1995, et depuis lors, le pays continue de renforcer ses institutions démocratiques. Malgré certains défis, comme la lutte contre la corruption et la nécessité d'améliorer la transparence, cette période est marquée par le développement progressif d'une culture politique.
Aujourd'hui, la Tanzanie est une république présidentielle avec un parlement bicaméral. Le président est à la fois chef de l'État et du gouvernement, ainsi que commandant en chef des forces armées. La constitution de 1977, avec ses amendements, définit les principaux principes de l'organisation de l'État.
La Tanzanie est fière de sa coexistence pacifique entre de nombreux groupes ethniques et religions, ce qui en fait l'un des pays les plus stables de la région. Néanmoins, des défis demeurent liés à la lutte contre la pauvreté, à la modernisation de l'économie et au renforcement des institutions démocratiques.
L'évolution du système d'État de la Tanzanie est une histoire de surmontement de nombreux défis et d'acquisition de succès significatifs. Des formes traditionnelles de gouvernance à la république démocratique moderne, le pays a parcouru un long chemin. Ce processus continue d'inspirer les citoyens tanzaniens et reste une partie importante de leur conscience nationale.